Team day. Le jour-J, enfin ! De nature joueur et compétiteur, j’adorais ce genre de journée. Et puis souder les liens entre l’unité des sauveteurs et l’unité des pompiers ne m’avait jamais déplu. En 18 ans de carrière au sein de l’unité d’Aspen, je n’étais jamais tombé sur le même binôme. Selon la tradition, nous commencions cette journée sans en connaître son identité. La veille, nous avions simplement chacun reçu des coordonnées géographiques. A nous de faire nos recherches pour connaître l’endroit exact de rencontre. Chaussures de marche aux pieds, sac à dos de randonneur sur le dos, boussole et crayon en poche, j’avais emporté le strict nécessaire, et surtout autorisé. Pas question d’emporter un téléphone, une carte ou encore même un GPS. Ce qui prenait le plus de place, c’était la tente, le sac de couchage et le matelas hyper fin qui me servirait lors de la nuit que nous allions passer ensemble. Parce que oui, il fallait survivre de nuit également. Rien de bien méchant, jamais.

Fin prêt, je me rendis en voiture jusqu’à Twin Lakes, la déposant au centre-ville et me rendant vers la réserve naturelle. A l’entrée, je saluai les gardiens que je connaissais bien, et m’engouffrai dans la forêt, tentant de me souvenir le trajet que j’avais préparé la veille et que, bien évidemment, je n’avais pu emporter. Après deux bonnes heures de marche, j’arrivai au point de rencontre avec mon binôme. Une enveloppe nous y attendait, mais je devais attendre mon partenaire pour l’ouvrir. A l’intérieur, certainement un bout de papier avec un chemin à suivre, soit en dessin, soit en phrases, soit en devinettes, voire un mélange des deux, mais pas de carte, c’est certain. J’attendis une dizaine de minutes avant de décider de m’asseoir sur un rocher. Je patientai encore trente bonnes minutes, m’impatientant toutes les vingt secondes, jetant des coups d’œil inlassablement à ma montre. J’entendis enfin un bruit de buissons derrière moi. Je me retournai « Ah, il était temps ! » lançais-je à l’intéressé. Quarante minutes de retard, rien que ça, et il allait falloir les rattraper, peut-être même marcher de nuit. Cette fois-ci, on ne m’avait pas collé le plus intelligent de la bande …

J’adorais ce genre de journée organisée. Autant parce qu’il s’agissait de concours, de dépassement que de manière de rencontrer quelqu’un et apprendre à faire équipe avec cette personne. Apprendre à faire équipe. Le pas le plus difficile à franchir. Et pourtant dans nos métiers, c’était ce que nous étions amenés à faire constamment. L’un partait, l’autre venait le remplacer. L’un était malade, on travaillait avec un autre, et ainsi de suite. La pire partie de ce partenariat étant sûrement celle où nous devions confier à l’autre toute notre confiance. Pas de confiance, pas d’équipe, pas de travail d’équipe, pas de sentiment de sécurité, pas moyen de souffler. Ne pas avoir confiance en son partenaire était la pire des choses qu’il puisse y avoir. Ne pas avoir confiance en l’autre pouvait vous couter la vie d’une victime, ou encore la vôtre. Cette confiance doit être aveugle et totale. Sauf que comme toute chose, elle ne s’accordait pas facilement, et même, elle se gagnait et se méritait plus qu’autre chose. Attendre mon partenaire pendant de nombreuses minutes d’allait certainement pas m’aider dans mon jugement. Je le trouvais déjà irrespectueux de ne pas respecter un horaire ou une échéance. J’en venais même à me demander s’il viendrait un jour. Et fus presque soulagé en l’entendant arriver.

Poli, je lui serrai la main qu’il me tendait sans vraiment croire à son histoire de crevaison. Il se présenta et je fis de même « Rivers ». Pas besoin de lui donner mon prénom. Par pour le moment. Intérieurement, je me dis qu’il allait devoir le mériter. « On va peut-être pouvoir avancer … » lui dis-je tout en lui tendant l’enveloppe brune. Il déchira le papier et nous découvrîmes le papier d’instructions qui nous attendaient dedans.


Rien de plus. Aucune phrase, aucun indice. Je considérai le message pendant quelques secondes, réfléchissant à diverses possibilités de résolution. Ayant trouvé, je relevai un regard satisfait vers Matt. « Alors, tu sais de quoi il s’agit ? » lui demandais-je, voulant le tester. De quoi était-il capable ce petit ?